© Elsa BONY
FILS DE LA NUIT
XXIX
Je suis fils de la nuit, contenu dans le noir.
Harmonie ton sur ton, qui de nous deux est l'autre ?
Jamais je ne l'ai su, nous nous appartenons
Quand j'écoute, ouïe tendue, notre cœur qui palpite.
XXX
Frères vivants, les morts craignent nos cris de mort ;
Ils rejettent la nuit hors leurs murs, hors leurs portes
Et blottissent leur corps dans de fins draps de lin
Pour jouir de la peur de nos erres nocturnes.
XXXI
Qui hante dans la nuit nos ruelles obscures ?
Dormez tous, braves gens aux oreilles tendues ;
Il n'a jamais violé, le voyou, vos pucelles
Et partout où il va, il était attendu.
XXXII
Le jour, je suis à tout regard sous le soleil
Mais la nuit, j'appartiens à l'odeur la plus forte,
Aux sangliers, aux loups, aux cerfs et aux élans,
Aux paniques plaisirs, aux forces telluriques.
(bernard garrigues)