AU CREUX DE TOUS LES CREUX



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© Elsa BONY


AU CREUX DE TOUS LES CREUX

 

XXXIII

 

Au creux de tous les creux, ma lampe veillera

À repousser au loin sa ration de ténèbres ;

Discrètement, un vieux syllabaire dira

Tous ces vieux mots discrets qui commencent par B.

 

XXXIV

 

Le fort métier de l'huis, d'autres chênes l'ont su !

Je suis frère des loups au seul passé de porte ;

Frère dans la noirceur, dans mes desseins conçus

D'éprouver toutes clefs et tous ceux qui les portent.

 

XXXV

 

Au creux de tous les creux, on soupire et l'on aime.

Chaque phrase tracée se remplit de douceur ;

L'on oublie tous les mots qui commencent par M,

Susurrés par le coin d'une bouche qui meurt.

 

XXXVI

 

Dans le grand vent du noir, on tue, on pille, on viole.

On signe avec du sang des parchemins sanglants.

On brame, on crie, on hurle, on aboie ou l'on miaule

Sa joie, sa peur, sa faim, sa douleur, ses amants.

 

(bernard garrigues)